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Légèreté !


Cette fois-ci, nous avons décidé de suivre uniquement notre inspiration par rapport à un thème donné : légèreté.

Qu'importent les kilos plus qu'en trop, le ventre gonflé, les cuisses boursouflées, les bras flagada... L'air est doux, le ciel éclatant !
Je marche comme une elfe sur les ponts de Paris, les yeux à l'affût des beautés fulgurantes qui traversent, outre la Seine, les rues pavées de l'île St Louis.
Je vais, nez au vent tiède, humant les senteurs sucrées ou poivrées qui s'exhalent des troquets pas si bondés en ce mois d'août finissant sur des notes de jazz imprévues au détour d'une rue.
En extase, je m'arrête ; j'écoute et je regarde. Je capte de l’œil et je gobe de l'oreille tout ce qui se passe et se dit d'une rive à l'autre de Paris.
Sur la Seine, scintillent des perles de soleil en ce jour d'été - paradis. Sur un son joyeux de trompette, me prend l'envie de danser sur les ponts de Paris. Je vagabonde, sautillante, du pont des Arts au pont Alexandre, chantonnant, sans chercher à comprendre, des paroles entendues je ne sais plus bien quand ni où ni de qui.
Que m'importe l'âge qui s'avance vers le caveau de l'oubli ; aujourd'hui c'est dimanche, lundi ou jeudi... aujourd'hui, c'est le jour de la VIE !

Un papillon doré pris dans une toile d'araignée, un rayon de lune, reflet éphémère sur le verre de tes lunettes, et au petit matin, une goutte de rosée sur une feuille de pommier...
Le souffle léger du vent dans ta chevelure brune, l'odeur du thym qui va et vient et, tout au loin, les nuages rougissant sous le soleil couchant...
Les empreintes de tes pieds sur le sable humide d'une plage sans fin, les coquillages vides rejetés par la marée et, stridents, les cris des mouettes affolées sous le soleil de plomb...
Et les vagues qui caressent nos corps nus, et les vagues qui frôlent ma peau à vif ; eau salée qui lèche ton ventre soyeux et mon visage apaisé. Ces vagues qui déferlent sur nous, sur moi et se délectent comme moi de cette nature vivace...



Ecriture bis binômée


Comme l'indique la différence de couleurs, ce texte a été écrit à deux mains ; le principe consistant à se relayer dès que se produit - chez l'une ou l'autre - une panne d'inspiration. Et le rouge c'est noux deux !

Rien du tout ! Que dalle ! Pas un mot, pas un son, ni cri, ni chut, ni pouët-pouët, ni prout ! Niet ! A moins que... entre une bouche édentée et une haleine peu alléchante, il y est... une fleur prête à sourire, un papillon en train d'éclore, une chanson sur le point d'envahir l'espace sonore au plus haut point et puis, juste après, le point final aux lamentos, aux soupirs, aux éructations, aux dégueulis et, le poing levé, crier : "Hourrah ! Hourrah ! A bas la rage ! A bas la hargne et le désespoir ! Vivent les plumes d'oiseaux nouveaux-nés, les délires des centenaires qui veulent encore danser, vive la sénilité sereine ! A bas les jeunes constipés ! A bas les rabat-joie !"
Avec les abats, ça l'fait pas !
Avec les rebuts, ça l'fait pas plus !
Avec les pingouins, ça l'fait encore moins !
Mais avec les genoux
les toutous
les doudous
les nounous
les roudoudous
on peut tout.
Parce qu'avec les bout'choux
on peut tout.
Parce qu'avec les bout'choukse
on peut toukse !
Mais noute, on fête ce compote...

Ecriture automatique binômée


Comme l'indique la différence de couleurs, ce texte a été écrit à deux mains ; le principe consistant à se relayer dès que se produit - chez l'une ou l'autre - une panne d'inspiration.

Si je savais ce que je sais vraiment, l'existence serait plus claire, le cerveau plus limpide, le corps plus simple et la main plus légère. Le brouillard disparaîtrait, le soleil serait roi, l'herbe serait fraîche sous mes pieds nus et mes éclats de rire pourraient résonner, purs, contre les murs.
Plus personne ne se moquerait de ma bouche édentée, de mes cheveux ébouriffés, de mon nez tordu, de ma peau griffée, de ma démarche saccadée. 
Si je savais où aller, j'arrêterais de marcher, j'arrêterais de courir, de sauter, de bondir... J'arrêterais peut-être aussi de vieillir.


Incipit

Incipit 1

Elle enfouit son visage dans ses mains et resta sans bouger pendant plusieurs minutes. Priscilla l'observait, sans mot dire, en retenant son souffle de peur de l'effaroucher. Elle la sentait si fragile, recroquevillée au fond de son fauteuil, le dos secoué de sanglots muets.
Priscilla ne pouvait détacher son regard de ces doigts osseux refermés sur ce visage émacié. Que lui était-il donc arrivé à cette pensionnaire quasi centenaire, si rieuse d'ordinaire ? Quelle nouvelle épouvantable venait-elle donc d'apprendre pour qu'elle n'ose montrer son visage pourtant si aimable ? 
Priscilla, malgré ses efforts, ne parvenait pas à entrevoir les traits de sa protégée ; elle ne percevait que les tressautements épisodiques de ses maigres épaules et de ténus gémissements. De plus en plus angoissée, la jeune infirmière se décida à rompre le silence :
- Mathilde, s'il vous plaît, dites-moi ce qui ne va pas !
Alors, les vieux doigts ridés s'écartèrent et Priscilla vit pétiller les yeux malicieux de l'aïeule qui lui chevrota d'une voix hilare :
- Ah, je vous ai bien eue, encore, cette fois ! N'est-ce-pas, Priscilla ?

Elle enfouit son visage dans ses mains. Sous ses paupières, ses yeux s'enflammaient. Elle avait besoin d'obscurité et de tranquillité. Elle aspirait au silence le plus total. Mais des mots surgissaient dans sa tête : "connard ! Non mais quel connard !" Des images s'agitaient à l'intérieur de son crâne : des bouches aux lèvres pulpeuses entrouvertes prononçaient des phrases inaudibles : "stop, ça suffit ! Assez, y'en a assez !"
Elle se massa le front, puis les tempes, les arcades sourcilières et le lobe des oreilles. Mais la vision persistait, se modifiait : de longues langues blanchâtres la narguaient maintenant, lui léchant les joues, laissant une bave malodorante sur sa peau délicate.
Ecoeurée, elle se mit à hurler, à gesticuler dans tous les sens, tomba de sa chaise et se fracassa le crâne sur le carrelage de la véranda.



Incipit 2

- Excuse-moi,  je n'ai vraiment pas la tête à ça, ce soir. Je n'ai qu'une envie : c'est de me reposer... en ta compagnie, d'ailleurs, si tu veux bien, ajouta timidement Edouard, à voix basse.
Florence le regardait, l'air rageur. Alors, Édouard répéta, avec un doux sourire :
- Excuse-moi, ma puce, je suis un peu fatigué.
- Non, je ne t'excuse pas, vociféra Florence. J'en ai ras la casquette de ton "excuse-moi" ! tu n'as que ça à la bouche quand je te demande de prendre le temps de discuter de l'avenir de notre couple ! Non, je ne t'excuse pas ! Je ne t'excuse pas, scanda-t-elle furieusement, je t'ACCUSE !
Ce dernier mot explosa comme un boulet dans les oreilles du pauvre Édouard. Florence, stupéfiée de sa trouvaille et fière de son effet, reprit sur un ton plus calme :
- Je ne t'excuse pas, Édouard. je t'accuse. Je t'accuse... je t'ACCUSE ! articula-t-elle.
Puis, soudain, sous l'effet d'une fulgurante inspiration, son débit devint de plus en plus précipité : 
- Je t'accuse d'esquiver sans cesse la communication fructueuse, l'échange constructif, le dialogue productif...
A présent, Florence avait pris un air hagard et sa voix, saccadée allait en crescendo :
- Je t'accuse de me refuser le plaisir verbal, la jouissance syntaxique, la joie des mots qui s'emmêlent, l'ivresse des idées qui s'expriment en toute clarté, l'extase...
Florence n'eut pas le temps de terminer son envolée lubricolyrique, Édouard l'avait plaquée contre le mur et lui chuchotait fiévreusement, au creux du cou :
- Excuse-moi, ma pupuce, je préfèrerais m'étendre, si tu le veux bien... avec toi, évidemment !

- Excuse-moi, mais je trouve que tu y vas un peu fort.
- Comment ça, j'y vais un peu fort ! Tu ne te rends même pas compte qu'il essaie de t'arnaquer. Je te trouve bien naïve.
- Moi, naïve ! Effectivement, j'ai tendance à faire confiance aux gens. Mais là, je n'ai pas l'impression de me faire arnaquer. Et, ce n'est pas une raison pour insulter ce type. Tu t'énerves toujours pour un rien.
- Non mais, réfléchis un peu pauvre gourde, 50 euros pour un vieux blouson en cuir, si ce n'est pas de l'arnaque, c'est quoi alors ?
- Est-ce que tu connais le prix d'un blouson neuf identique ? Hein, dis-le-moi ?
- Non, pas vraiment, mais celui-ci est cradingue et la doublure toute déchirée. Franchement, ce n'est pas une bonne affaire et ce mec est un escroc. Crois-moi.
- Ben voyons, dans ce cas file-moi 200 euros et je m'en achète un flambant neuf...
- Ah, parce qu'en plus maintenant tu veux que je te file du fric. Non mais tu rêves !
- Et pourquoi pas, cela m'éviterait d'écouter tes salades à deux balles et en plus j'aurais les moyens de m'offrir un super blouson. Alors, allonge et qu'on en finisse...
- Qui te dit que j'ai envie de t'offrir un blouson en cuir ? Tu as déjà assez de fringues. Arrête de me faire chier avec ça.
- Je vois, toujours aussi radin...


7 mots imposés


Consigne n° 1 : Utiliser librement les sept mots* suivants : poubelle, serveur, violet, cabine, poussin, champagne, territoire.
*En n'utilisant qu'une seule fois chacun de ces mots.

Depuis le début de la matinée, Gustave essayait de réparer ce foutu SERVEUR de données. Mais quelle idée de le mettre dans cette pièce surchauffée qui ressemblait, en taille, à une CABINE téléphonique ! Pas étonnant qu'il soit tombé en panne ! Si cela ne tenait qu'à lui, il l'aurait déjà mis à la POUBELLE... Façon de parler.
Son boulot, il le connaissait parfaitement, il s'y sentait comme chez lui, c'était son TERRITOIRE professionnel et il l'appréciait à sa juste valeur. Mais là, il y avait de l'abus et du n'importe quoi ! La rage montait en lui par vagues successives. Une rage si intense que sa tête heurta une barre métallique. Il sentit une douleur profonde et fugitive au niveau de son front, du côté gauche. "ça y est, se dit-il, je vais encore avoir un bleu qui va tourner au VIOLET et mes collègues vont se moquer de moi encore une fois. Et merde !"
Puis, soudain, son téléphone portable sonna. A moitié assommé, il le prit, la main tremblante.
- Allo, oui, ici Gustave.
- Allo, c'est toi mon POUSSIN ?
- Oui, que se passe-t-il ?
- Mais, tu n'as pas oublié quand même ?
- Mais quoi ?
- Mais c'est l'anniversaire de Chantal !
- Ah ! Oui, et bien ?
- Nous t'attendons, il est 21 h passées. Et, ici, le CHAMPAGNE coule déjà à flots...

Myriam sortit précipitamment de la CABINE téléphonique et pénétra en trombe dans le lieu dit "A la Plume du POUSSIN" où son éditrice-potentielle-de littérature jeunesse venait de lui fixer rendez-vous.
Dans sa hâte, elle renversa la POUBELLE placée devant l'entrée du café. Mme Packwak, l'air amusé, la regardait courir vers son TERRITOIRE, le fond de la salle, où elle avait l'habitude de s'installer au milieu de ses dossiers étalés sur la table.
Myriam s'arrêta, essoufflée, devant Mme Packwak et resta debout devant elle en triturant son petit chapeau VIOLET entre ses longs doigts nerveux. Mme Packwak éclata de rire puis lança d'une voix tonitruante :
- SERVEUR ! CHAMPAGNE, s'il vous plaît ! Et elle ajouta d'un ton plus doux, à l'adresse de Myriam ébahie :
- Asseyez-vous, ma chère ! Nous allons fêter votre entrée dans la Maison !

Consigne n° 2 : Utiliser ces mêmes mots* dans l'ordre où ils ont été tirés au sort : poubelle, cabine, poussin, serveur, violet, territoire, champagne.
*En n'utilisant qu'une seule fois chacun de ces mots.

La POUBELLE débordait de papiers griffonnés d'une écriture raturée. Curieuse, Juliette la renversa sur le tapis poussiéreux. Sur l'une des feuilles était écrit en gros le mot : "CABINE". 
Ce mot n'avait aucun sens pour elle, surtout isolé de son contexte. Tout en poursuivant son investigation, elle eut une pensée pour l'adorable petit POUSSIN qui venait de sortir de sa coquille dans le poulailler de la voisine d'en face. Qu'elle chance elle avait !  Ses quatre poules, à elle, n'avaient jamais pondu un seul œuf : quel malheur !
Quoiqu'il en soit, le SERVEUR du bistrot du village lui en amenait en douce, une douzaine, chaque semaine.
Le lundi matin, vers 11 h, il sonnait. Elle lui ouvrait grand la porte, le visage rayonnant, maquillé à outrance, du rouge aux lèvres, du VIOLET sur les paupières. Et là, quand il franchissait le pas de sa porte, il était tout à elle, à elle seule, sur son TERRITOIRE
Alors, qu'importaient les animaux de basse-cour, les paperasses et tout le reste ; avec bonheur, elle sortait deux verres du vieux buffet de ses parents, une bouteille de vinasse du frigidaire, le CHAMPAGNE local, et c'était parti pour une bonne heure de beuverie campagnarde...

Léon vit au jour le jour comme tout clodo. Il prend ce qu'on lui donne et cherche ce qu'on ne lui donne pas. Mais attention ! Il ne farfouille pas dans n'importe quelle POUBELLE ! Il a ses critères, Léon ! Il ne va que dans les quartiers riches, évidemment !
Un jour, il a extrait d'un de ces réservoirs à trésors un maillot de bain impeccable. Coup de bol, ce jour-là, il avait récolté de quoi s'offrir la piscine ! Ni une ni deux, il paye son écot, rentre dans une CABINE, enfile son beau maillot, saute dans le premier bassin et se retrouve au beau milieu des tout-petits qui font leurs débuts dans l'eau.
Un "POUSSIN" l'éclabousse de ses gesticulations hasardeuses. Pas grave ! Léon sait s'adapter. Il a fait le SERVEUR si souvent, dans les bars ou comme extra... et même sur les courts de tennis ! Tout est bon pour gagner sa croûte.
Alors, il ne se met pas en colère, surtout pas contre des mômes car la colère ne convient pas à son teint qui vire au VIOLET dans ces moments-là et les marmots, ça risque de les chambouler !
Mais quand il en a marre, comme en ce moment, il la ferme et il sourit, il rit même ! Puis il repart chasser sur son TERRITOIRE de huppés.
Qui sait si, cette fois, en soulevant le couvercle honteux des nantis sans scrupules, il ne découvrira pas le comble du luxe pour un miséreux comme lui habitué au gros rouge qui tache : une bouteille (pleine) de CHAMPAGNE grand cru ?!!!

Pas si simple !


Consigne : Écrire un récit au passé simple en n'employant que des verbes du 3ème groupe.

Ce jeudi-là, Marina reçut un colis volumineux. Elle ne l'ouvrit pas immédiatement ; elle attendit l'arrivée de Patrick.
Au bout de deux heures, elle entendit les pas de son mari marteler les dalles du couloir ; alors, elle courut à sa rencontre. Quand il vit son air égaré, il craignit le pire. Il la prit dans ses bras tendrement et lui couvrit le front de baisers.
Marina ne se mut pas d'une once.
Alors, Patrick entreprit une autre approche : il joignit ses doigts passionnés aux siens qu'il sentit glacés ! Dieu, comme cela l'émut !!! Aussitôt, il voulut savoir ... Alors, il assit, délicatement, sa compagne chamboulée sur le petit tapis et parcourut rapidement le long corridor.
Au seuil du salon, il connut un instant d'hésitation. Puis, il découvrit le colis... et il se mit à rire, à rire ; il rit tant que Marina accourut avec, cette fois, un air fort surpris.
Alors, Patrick défit, précautionneusement, les liens entourant l'énorme paquet et sortit d'un fatras de fines dentelles... un minuscule écrin grenat qu'il tendit, avec cérémonie, à sa bien aimée, ravie.

Ce matin-là, je me vêtis de ma veste beige pour la visite programmée de Mr Mechin.
Je me rendis au centre, le cœur chagrin. Je m'assis à mon bureau mais je n'eus qu'une seule idée en tête : fuir. J'ouvris mes deux PC (Personal Computer / Ordinateur Personnel) et j'attendis, la rage au ventre.
Il plut toute la matinée ; cela couvrit les bavardages intempestifs. Je faillis m'énerver. Une envie furieuse de me battre me prit. Je rejoignis le service social où je pus parler de ma colère soudaine. Je bus un grand verre d'eau pour m'assagir. Puis je parcourus les couloirs du centre à grandes enjambées. 
Ma rencontre avec Mr Mechin fut totalement imprévue. Nous nous vîmes une dizaine de minutes et nous conclûmes, par une poignée de mains bien ferme, un échange de paroles passionnées.
Je vécus le reste de la journée sur un petit nuage. Le soir venu, je m'endormis, l'esprit libre et préoccupé à la fois !!!

Rairrrrront


Consigne : Écrire un texte au futur simple de l'indicatif.

1/ En toute liberté.

Au-delà des apparences, il y aura toujours une vérité temporelle cachée. Maria atteindra-t-elle un jour cette perception ? Ne lui faudra-t-il pas suivre une initiation pour y parvenir ? En attendant, elle cachera son imperceptible et troublant ressenti. Dans cet espoir, elle enfouira très loin dans sa mémoire les souvenirs de son enfance. 
Puis, un jour, elle rencontrera une personne comme elle, déjà initiée. Puis, un jour, elle lira un livre qui lui ouvrira les yeux. Puis, un jour, elle s'effondrera dans un marasme sans nom. Puis, un jour, elle découvrira qu'elle ne sera jamais plus seule au monde. Puis, de jour en jour, après de très longs jours, son regard verra au-delà de tout. Alors, seulement, elle ressentira un apaisement et s'ouvrira enfin , sans frayeur, au monde sans fin.

J'enfilerai des bas de soie gris perlé et habillerai l'ourlet de mes oreilles de perles d'ambre. Je revêtirai mon corps rondelet d'une ample tunique évasée et cernerai mon front, légèrement ridé, d'un large bandeau parme. 
Quand mon image dans le miroir me sourira, je lui tournerai le dos et sortirai par l'escalier de service ; ainsi je ne risquerai pas de rencontrer les bourgeoises de mon immeuble. 
Dans la rue, je marcherai sans hâte, dignement perchée sur les talons aiguille "empruntés" à ma patronne (comme tout le reste, d'ailleurs...). Je vacillerai, sans doute, un pas sur trois mais j'exulterai en croisant les regards égrillards des gros lards vicelards qui se détourneront sur ma silhouette parfumée.

2/ Avec obligation d'employer au minimum cinq verbes de chaque groupe.

La forêt se réveillera aux premières lueurs du jour. Tapie dans les racines entremêlées d'un séquoia, la bête ouvrira lentement ses yeux. Elle étirera ses pattes engourdies et, de sa gorge, surgira un grondement sourd. D'autres animaux s'agiteront lourdement puis bondiront de branche en branche. Les premiers rayons du soleil éclaireront les mousses épaisses tandis que les minuscules insectes s'éparpilleront en tous sens.
Julien s'accroupira dans un coin de sa tente, saisira le manuel de survie et le lira avidement. Ses yeux parcourront rapidement ligne après ligne, page après page. Pour survivre, Julien devra se nourrir. Pour survivre, Julien boira de l'eau croupie. 
Mais la peur l'envahira-t-elle avant d'agir ? Les lichens pourriront-ils avant de crever de haine ?

Demain, quand le soleil surgira, nous jaillirons de nos tentes et courrons dans les sables du désert pendant que Michel préparera le petit déjeuner car ce sera son tour de corvée culinaire.
Sans doute réfléchira-t-il, dés l'aube, au menu qu'il concoctera le midi, aux légumes qu'il épluchera, à la viande qu'il rôtira, aux restes que nous finirons... Pendant ce temps, nous escaladerons les dunes, enfouirons nos pieds dans le sable chaud, glisserons ou roulerons le long des pentes et reviendrons, haletants et affamés, vers le campement.
Michel trahira son impatience par un grondement mais tendra à chacun de nous trois un bol de café fumant que nous boirons goulûment, ce qui lui rendra son sourire de bon enfant dans le soleil levant.

Ni toi ni moi ni je ni tu


Consigne : Est-il possible de développer un dialogue visant à exprimer l'opinion de chaque interlocuteur sur un sujet déterminé sans utiliser une seule fois non seulement les pronoms personnels de la subjectivité (1ère et 2ème personnes) mais également les déterminants possessifs qui leur sont associés ?
C'est ce que nous avons tenté de réaliser oralement lors de notre dînette écriture coutumière et que nous retranscrivons ici.

Dialogue n°1 : Expression d'opinions

- La télé, ces derniers jours, comme la radio, d'ailleurs, n'a cessé de parler de la révolution dans le monde arabe. L'histoire est en marche, c'est merveilleux, n'est-ce pas ?
- Peut-être mais n'y a-t-il pas déjà eu des morts dans la population civile et cela ne va-t-il pas continuer ?
- Certes, il y a eu des morts comme dans toute révolution mais les autorités de ces pays sont soucieuses de l'opinion internationale et, par conséquent, feront, certainement, leur possible pour éviter les bains de sang !
- Mais les futurs présidents ne seront-ils pas pires que les anciens ?
- Bien sûr, quand on veut voir tout en noir, rien ne changera jamais !

Dialogue n°2 : Expression d'émotions

- Est-il possible d'insulter un mort et de ressentir de la colère contre ce mort sans danger ?
- Pourquoi y aurait-il danger à insulter les trépassés ?
- Parce que les défunts peuvent venir, la nuit, tirer les pieds de ceux qui insultent les disparus !
- Et alors ? Il suffit d'accrocher de l'ail au pied du lit !
- Ah bon ?! Doit-on traiter les morts comme des vampires ? Mettre un couteau sous le matelas est très certainement plus efficace !
- Ah oui ? Et quel genre de couteau, alors ?
- Eh bien, un couteau à cran d'arrêt, avec une lame bien affûtée, la pointe tournée vers le pied du lit...

Aucune personne !


Consigne : Ecrire un texte sans utiliser le moindre pronom personnel (ni sujet ni complément), étant entendu que le "il" de certaines formules verbales est impersonnel et que le "on" est un pronom indéfini.*

Alors que Bastien tentait vainement de parler et surtout de se faire entendre, Sandra poussa un long cri, se leva et se mit à gesticuler dans la salle de cours. Les stagiaires, le sourire aux lèvres, laissaient l'hystérique se défouler sur le formateur. Le pauvre avait oublié de "se blinder" pour affronter cette hétéroclite bande  d'adultes en régression totale.
 C'est incroyable comment une formation peut transformer des personnes de tout âge et de tout sexe en ados prêts à toutes les bêtises possibles.
Bastien prit une pause pour filer à l'infirmerie prendre deux cachets de 500 mg de paracétamol Vit C. Le groupe de fumeurs sortit s'en griller une dans le froid glacial. Sandra, la gorge sèche, voulut s'échapper un moment pour aller pisser et remplir sa bouteille d'eau, mais Michel, le cerveau en ébullition, commença à poser des questions à la jeune femme sur le cours inaudible. La leçon sur les serveurs était tellement confuse qu'aucune réponse ne vint à l'esprit de Sandra. D'ailleurs, le TP du prof était aussi incohérent que les fois précédentes.
L'hystérie de Sandra, du moins de son point de vue, n'était qu'une conséquence du manque de raisonnement, du manque de rigueur et du manque de logique de Bastien ; mais pas seulement, non pas seulement ! Il y avait aussi ce bruit de fond permanent, cette cacophonie de voix mâles en rut...

La maison semble silencieuse dans la nuit sans étoiles. En fait, ce n'est qu'une impression car des oreilles attentives pourraient percevoir des sons certes ténus mais suggestifs comme, par exemple, le craquement du bois des tiroirs de la vieille commode dans le salon, le chuintement de l'eau dans la tuyauterie rouillée des radiateurs, le frémissements du voile des rideaux quand la fenêtre de la chambre bleue reste ouverte sous la brise nocturne et, parfois, comme venant de très loin, peut-être d'un autre monde, une mélodie très douce ; si douce, si douce que l'écouteur aux aguets n'a plus qu'une envie : s'installer au cœur de cette maison perdue dans ses rêves...

* On pourra remarquer qu'il n'a pas été fait mention dans l'un ou l'autre texte de ces deux termes.