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Fiction Hexa


Consigne : écrire un texte en n'utilisant que les lettres correspondant au système hexadécimal.
Mais, c'est quoi ce truc là, le système hexadécimal ?
Pour tout savoir sur ce curieux bidule mathématique, eh bien, cliquez sur le lien : HEXA
Petite précision : 1 c'est un, 2 deux, 3 trois... 9 neuf, 10 c'est A, 11 c'est B, 12  C, 13 D, 14 E et 15 F.
Nous avons à notre disposition 18 lettres, 5 voyelles et 13 consonnes : a, e, i, o, u et b, c, d, f, h, n, p, q, r, s, t, x, z. 
Nous ne pouvons absolument pas utiliser les lettres suivantes : g, j, k, l, m, v, w et y.

Écrire entre scientifiques et non scientifiques nous a fait opter pour un texte quasi tordu. Non, oui, qui sait ? 
Soudain, nous fissurons nos pensées afin de structurer une procédure cohérente. Ne pas tracer certains caractères sur du papier est parfois frustrant et décoiffant !

Nous écrirons, ce soir, un texte sans aucun doute bien bizarre car nous ne pourrons pas tout dire, certaines phrases étant interdites par notre propre décision.
De ce fait, nos propos paraîtront peut-être faux parfois ; que peut-on faire, en conséquence, pour que personne n'en souffre ?

De sa tête et de son nez pendaient des pierres précieuses. Ces curieuses choses tétanisaient nos iris tandis que nous tournions en cadence autour de dizaines de feux crépitants. Des sons stridents écorchaient nos orifices auditifs sans aucune retenue. Des pieds frappaient des peaux de bouc, des bouches se crispaient en d'honteux rictus, des corps harnachés de branches se tordaient et nous, et nous, où en étions nous ? Perte de conscience, état second, sensation de bonheur ou peur insensée ?
Nous nous étions enfoncés dans cette forêt pour une randonnée entre frères et sœurs, nous voici prisonniers d'un rite stupéfiant : un sacrifice de crustacés accrochés aux arbres, parqués aux portes d'un paradis sans eau, après avoir dansé à en périr...

Zoé, princesse aux tripes noires, pénètra, tête haute, avec appréhension cependant, dans cette pièce superbe du château de son père Henri cinq (roi très furieux) où étaient cachés tant de trésors antiques.
Que cherchait en cet endroit retiré cette future reine de Zanzibar  City ? Était-ce une couronne sertie de rubis, une épée en or parée de saphirs ou bien un berceau en bois de chêne précieux ou encore un tout petit zèbre en sucre candi ?
Ce que rencontra Zoé dans cet espace surprenant, redouté bien que désiré, fut son ancêtre, Richard, roi de France et d'Écosse, effondré sur un trône défoncé, dressé contre une paroi de satin, tenant encore, contre sa bouche sans dents, une tasse de soda très ébréchée.

l'autre genre : le masculin


Consigne N° 1 : écrire un texte (en 20 minutes*) en n'employant que des noms masculins au singulier.
*Chronométrage sur IPhone avec sonnerie "crapaud" !


Thomas, coquin garçonnet, aime se promener, le soir, avec son petit chien pékinois le long du ruisseau qui traverse le village. Pendant ce trajet vespéral, l'enfant espiègle s'amuse à lancer, très haut dans le ciel sombre, un os en bois d'olivier heureusement phosphorescent car autrement comment le gentil compagnon de l'homme pourrait-il le retrouver ?
Mais vint un soir où l'os ne brilla plus dans le ciel trop noir.
Tchin Tchin, le petit chien pékinois s'entêta cependant à rechercher le morceau de bois et Thomas retrouva son ami quadrupède batifolant au fond du cours d'eau avec un poisson argenté.

L'animal lui mordit si violemment le talon qu'il tomba en hurlant de désespoir. Son front heurta le trottoir. A plat ventre sur le macadam, il sentit du sang s'écouler de son nez. Puis il entendit grogner le chien, qui bondit sur son dos pour l'écraser de tout son poids. 
Le molosse était si lourd que John, l'étranger de passage, ne pouvait plus bouger. Dans le caniveau à un centimètre de son regard, un clochard venait de vomir son repas bien arrosé. 
Le clébard, tout excité, bondit sur le misérable SDF accroupi, le renversa et le lécha goulûment.

Consigne N° 2 : écrire un texte (en 30 minutes*) en n'employant que des noms masculins au pluriel.
*Chronométrage sur IPhone avec sonnerie "buffle" !


 Les hommes les plus odieux sont-ils les plus nombreux ? C'est-à-dire : les tueurs violeurs ? Les spolieurs pollueurs ? Ou encore les menteurs destructeurs, les goujats prétentieux, les idiots vaniteux, les paresseux aux ventres gras, les chauves aux doigts boudinés ? Sont-ce ceux-là uniquement qui peuplent tous les pays ?
Non, heureusement !
Aussi limités soient-ils numériquement, les hommes merveilleux existent encore pour fasciner les êtres de tous sexes ; pas seulement ceux qui sont beaux comme les preux chevaliers des temps jadis mais aussi les hommes de nos jours, que leurs nez soient tordus ou leurs yeux bigleux : les inventifs créatifs d'univers éblouissants, de phénomènes époustouflants, les hommes généreux, dispensateurs de tous les bonheurs, les planteurs d'arbres dans les déserts, les guérisseurs de tous les maux, les consolateurs de tous les oublis ; ces hommes attachants qui, soudain, cessent leurs calculs les plus compliqués pour siffloter des refrains enfantins.

 Les ventres rondouillards gargouillaient allègrement. Autour des buffets gargantuesques, les étudiants allaient et venaient, attirés par les différents plats présentés, tous plus alléchants les uns que les autres. Les couverts se plantaient vivement dans des mets saignants pour rapidement atterrir dans d'heureux œsophages, puis glisser jusqu'à des estomacs distendus. Des récipients remplis de vins capiteux circulaient de bras en bras. 
Les sons émis par les professeurs envahissaient les espaces cloisonnés pour fêter les nombreux succès aux examens. Leurs diplômes dans des sacs à dos, tous s'apprêtaient à partir afin de rechercher des petits boulots vains.

Un seul genre : le féminin !


Consigne N° 1 : écrire un texte (en 10 minutes *) en n'employant que des noms féminins quel que soit le nombre : singulier ou pluriel.
* Chronométrage sur IPhone avec sonnerie "canard" !


C'est la fin de l'année. Yvonne et sa sœur Marcelle pénètrent avec précaution dans la salle à manger étincelante pour procéder à la décoration somptueuse de la table rectangulaire autour de laquelle prendront place les deux grand-mères de Marie-Bernadette, la petite dernière, la grande chouchoute de la charmante famille.
Les autre filles des deux femmes seront présentes aussi, bien sûr, pour honorer les aïeules quasi centenaires à l'orée de la nouvelle année.
Ce sera une fête inoubliable, une nuit d'extase, une apothéose de lumière : la célébration de la maternité pour l'éternité !

La neige tombait violemment. La tempête faisait rage. La nuit s'étendait, longue dame noire, parsemée d'étoiles pâles.
La meute s'agitait, pattes et oreilles entremêlées. Jamais la température n'avait été aussi basse. Recroquevillées sous la tente provisoire, les femmes, serrées les unes contre les autres, fredonnaient une chanson ancienne. Leurs voix rauques montaient, accompagnant les flammes orangées, teintées d'une peur ancestrale !

Consigne N° 2 : écrire un texte (en 12 minutes *) en n'employant que des noms féminins au singulier.
* Chronométrage sur IPhone avec sonnerie "chien" !



La nappe est nette après la collation de la soirée : aucune miette de baguette, aucune pelure de poire, aucune épluchure de pomme de terre... Quelle surprise !
La fois précédente, la table était plutôt sale, ternie soit par une tache de graisse, soit par une éclaboussure de confiture ou bien encore par une souillure de cerise.
L'amélioration est évidente.
La fillette n'est plus une souillon ; elle semble devenue fréquentable. Serait-elle enfin digne de l'appellation de "lady" ?
Sa mère, la reine, serait si fière de poser sur cette tête juvénile la couronne impeccable de princesse.

Stéphanie portait une robe grise moulante. Sortie précipitamment de chez elle, elle avait pris sa voiture pour se rendre chez sa copine Sophia. 
La chaleur était insupportable. La climatisation en panne, elle ouvrit brusquement la fenêtre, mit la radio, tomba sur l'émission de la connasse de pimbêche de cette exécrable émission de fin de semaine et fila à vive allure sur l'autoroute.
La vitesse la grisait. Elle n'avait jamais été très prudente. Qu'importe, elle était pressée de voir Sophia, pressée de lui raconter sa toute dernière aventure et quelle aventure ! Sophia allait pâlir de jalousie. Cette idée la réjouissait. La forte luminosité l'éblouissait. La sueur lui dégoulinait sur la joue gauche. De sa main droite, elle saisit la bouteille et but avidement l'eau encore fraîche. Son humeur oscillait entre l'excitation et la colère. 
Soudain, la voiture dévia vers la bande latérale droite. L'embardée la déstabilisa, elle heurta la rambarde de sécurité. La tôle contre la tôle émit une musique stridente. Tétanisée et paniquée, maintenue par sa ceinture de sécurité bloquée, Stéphanie, impuissante, sentit la voiture basculer, sa tête cogner une matière dure, avant de perdre connaissance.

Consigne N° 3 : écrire un texte (en 20 minutes *) en n'employant que des noms féminins au pluriel.
* Chronométrage sur IPhone avec sonnerie "éléphant" !

Nouvelles oeuvres...
Les journées défilent semblables à elles-mêmes dans les ateliers des travailleuses les plus miséreuses.
Les couturières de toutes les régions ont décidé de cesser leurs tâches les plus rebutantes, les plus austères, les plus douloureuses, les plus fastidieuses.
Terminées, les confections harassantes de soutanes brunes à longues manches ou de jupes empesées dans des matières trop rugueuses.
Elles veulent, désormais, reposer leurs mains habiles sur des draperies claires et légères, couper de leurs dents saines, entre leurs lèvres suaves, des guirlandes satinées.
Elles vont donc rejoindre, dans quelques semaines, dans leurs demeures étoilées, les heureuses geishas qui tissent des nattes voluptueuses dans des fibres soyeuses.

Des femmes déambulent dans les somptueuses galeries peuplées de sculptures de pierres dures.
Des mains se posent furtivement sur les silhouettes agressives, effleurent les formes taillées par les artistes à partir d'immenses roches brutes.
De quelles planètes lointaines viennent-elles ? Combien de galaxies, de terres et de mers ont-elles traversées avant d'atterrir dans ces salles où les lumières projettent des ombres insensées ?
Ombres veinées ! Ombres charnues ! Toutes se mélangent dans des teintes orangées.

No repetition !


Consigne : Ecrire un texte sans répétition de consonnes semblables dans chaque mot.

Quand viendra le jour où je me lèverai sans réveil pour le reste de mes matins, je sentirai, c'est sûr, un bonheur lumineux. 
Que ferai-je ce jour-là ?
Ce jour où débutera mon autre vie ? 
Boirai-je un doigt de thé à la place de mon habituel bol de café noir ? 
Peut-être sentirai-je le besoin impérieux de changer radicalement mon rituel...
Vite, vite, ce jour béni que je le sache !

La musique s'élevait dans l'atmosphère, pure, par-delà le mur de briques rouges. La foule, groupée dans la grande cour, ondulait avec énergie. Divers groupes se formaient puis se séparaient gracieusement. Les corps se frôlaient, se disloquaient puis sombraient dans une hystérie aux limites de la folie !

Incipit


Consigne : A partir d'une phrase ou juste un mot, écrire, chacune, un texte.

Osons !
Osons l'impromptu, l'inédit, l'impensable, l'interdit, l'insensé, l'irréversible !
Osons dire sans réfléchir, sans hésiter, sans s'arrêter, sans revenir sur l'incomplet, l'inachevé, l'inconstruit, le mutilé !
Osons continuer le trajet entrepris sans repères dans le brouillard, sans phare dans le désert et quand bien même la terre tendre se changerait en cruelle rocaille, osons encore avancer jusqu'à l'ultime frontière !
Et s'il faut ramper à travers la boue des égouts avant d'atteindre des rives de lumière, osons l'incontournable !
Et si pour connaître l'insondable, il fallait à jamais se taire ; nul cri, nulle litanie proférer, alors, osons, osons l'inéluctable !!!

"Osons regarder derrière soi, même si cela n'est pas toujours beau à voir ! Osons se retourner carrément et faire face aux pires moments de son existence ! Osons reconnaître que le temps passe et acceptons de pardonner même si l'on se sent dans une impasse ! Osons..."
Dans la salle pleine à craquer d'une foule compacte et agitée, la voix du prêcheur s'élevait, grave et forte, comme une évidence.
Blottie dans un coin, stupéfaite, les yeux écarquillés, Larma tremblait de tout son corps. "Comment suis-je arrivée là ?" se demandait-elle. Pourquoi ces gens en guenilles, malades, estropiés et affamés venaient-ils tous écouter cet homme au regard d'acier ?
Mue par une curiosité toute enfantine, elle avait suivi une mendiante pressant le pas vers je ne sais quelle destinée. Eh bien, sa réponse, elle l'avait maintenant ! Mais, du haut de ses huit ans, elle avait bien du mal à comprendre le sens des paroles de ce gringalet au crâne lisse comme du métal. Que disait-il au juste ? 
Qu'importe, si elle ne rentrait pas rapidement, elle risquait de se faire gronder par Guilla ; le robot en charge des enfants de son âge.

Littéro-Numérique nombres premiers


Consigne : Écrire un texte composé de phrases dont la somme de mots correspond à un nombre premier (2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19).

Contrainte 1 : Utiliser chacun de ces nombres premiers dans un dialogue théâtral.
  
- Ah bon ? Tu crois que je ne suis pas capable de passer cet examen blanc ?
- Mais non ! Ce n'est pas ce que j'ai dit ! Tu ne sais pas écouter ! J'ai simplement dit...
- Tu fais chier ! Avec tes conseils à la super con ! Je ne suis plus un gamin à qui on peut donner des ordres ! J'ai cinquante ans ! Tu ne t'en souviens pas ?
- Oh que si que je m'en souviens ! ça fait trop longtemps que tu ne m'écoutes pas du tout ! ça fait trop longtemps que tu es incapable de comprendre quoi que ce soit à n'importe quoi ! Et c'est justement pour ça, uniquement pour ça que je te recommande très fortement de préparer cet examen blanc !

- Tiens, une surprise !
- Merci, c'est quoi ce paquet ?
- Trois fois rien, une bricole pour toi.
- Quel amour ! Va me chercher la paire de ciseaux.
- Tiens, la voilà.
- Qu'as-tu encore été dégoter, cette fois-ci, mon amour adoré ?
- Une petite chose que tu vas beaucoup apprécier, je pense, et moi aussi.
- Ah, je vois, gros coquin !
- Mais, ouvre donc et tu verras bien ! Et si cela ne te convient pas, je pourrai toujours aller le changer au magasin du coin.
- Eh, patience ! Tu vois bien que l'emballage est hyper ficelé ; celui qui a fait le paquet est un nase de nase.
- Un petit coup de main ?
- Avec grand plaisir ! Tu vois, il y a une tonne de papier autour de ce petit paquet et cela commence à m'énerver.
- Cool, mon amour, nous avons toute la soirée et toute la nuit aussi.
- Et, merde ! Je viens de me couper un doigt de la main gauche...

Contrainte 2 : Utiliser, une seule fois, chacun de ces nombres premiers, dans l'ordre croissant. 

Six heures ! Le réveil sonne. Je tarde à me lever. Je suis trop bien sous la couette. L'envie de paresser me prend par surprise, ce matin. Sortir dans le froid du petit jour gris me rebute tant ! Et pourtant, il faut bien, vaille que vaille, assumer sa tâche, même déplaisante ! Mais, bosser avec tous ces connards qui se prennent pour Dieu et n'en font qu'à leur tête ! Je ressens soudainement une telle envie de dégueuler que je me lève d'un bond pour me vider les tripes... 

Il pleut. Elle regarde dehors. Elle ne voit pas clair. Sont-ce les vitres qui sont sales ? ou bien la pluie qui tombe sur les carreaux ? Sa vue se brouille comme si ses yeux s'emplissaient de pluie. Elle sent, sur sa joue droite, comme une larme glisser jusqu'à son menton. Serait-elle devenue sensible à la tragique couleur du ciel au point de pleurer comme la pluie ? Il est vrai que, dehors les nuages se bousculent, alors que les passants disparaissent sous une multitude de parapluies.

Littéro-Numérique pair


Consigne : Écrire un texte uniquement avec des mots composés d'un nombre pair de lettres.

1- Textes composés individuellement, sans contrainte autre que le nombre pair de lettres :

Je marche ponctuellement deux heures sans m'arrêter ; je fais cela le jour et pareillement le soir. Je suis plutôt contente de ma ténacité ; de plus, c'est agréable pour le pied et tout autant pour la cervelle : je muscle ma cheville droite et ma cheville gauche et je vois tant de belles choses le long de la rive du fleuve !

Sa manche décousue pendouillait le long de sa légère silhouette. Elle avançait, rapidement, sans savoir dans quelle avenue s'aventurer, un pied devant l'autre, alerte et loin de tous soucis, un tantinet tête en l'air. Le soir proche la surprenait en pleine illusion, tignasse au vent sous le soleil couchant.

2 - Texte composé en commun, avec contrainte d'emploi des trois chiffres 2, 4 et 8 :

Le jour pâle sort du ciel rose sans ride ni déraison dans un rond grignoté de bleu.
Le tour de poitrine de la star juvénile, Coraline, n'est ni démesuré ni ratatiné ; Lulu, la mère, apprécie le beau sein de sa fillette si renommée même si cela la gêne fort de le voir très haut installé sous sa fine mâchoire d'ado.
De même, John, le comédien ivoirien, tète, avec joie, ce joli sein si doux dans le huitième acte de la tragédie : "Faut-il liquider le sein ?"

Littéro-Numérique impair


Consigne : Écrire un texte uniquement avec des mots composés d'un nombre impair de lettres.

1- Textes composés individuellement, sans contrainte autre que le nombre impair de lettres :

Les pâles flocons tombent mollement sur les pavés glissants ; les marmots, eux, s'émerveillent alors que leurs parents tâtonnent silencieusement, mâchoires serrées, front revêche, nez coulant à grosses gouttes.

Alors que les jours rallongeaient, des passantes rencontrèrent des étrangers venus des régions rigoureuses. Ils étaient longs, leurs regards lançaient des éclairs rouge-mauve. Leurs mains grise-verte agrippaient des tenailles fines, lorsque, soudain, une fusée amerrit sur les pavés.

2 - Texte composé en commun, avec contrainte d'emploi des deux chiffres 3 et 5 :

Sur des bancs blanc-beige, les anges tuent leur ennui.
Sur des nuées jaune-rouge, les dieux suent des mains, les dieux puent des pieds. Pas drôle !
Alors que les vieux jours ruent tels des beaux chats, sur les pages, Jésus trace des trucs ronds, par force, car ses mains muant, pas moyen poser des croix, des clous : aucun choix !

Rituel


Consigne : Compte-rendu du déroulement habituel de la mise en branle des mots.

Contrainte : N'utiliser que des phrases simples, c'est-à-dire ne contenant qu'un seul verbe conjugué.

La sonnerie retentit. J'ouvre la porte de l'appartement. Paoula apparaît sur le seuil, radieuse, une bonne bouteille dans une main, une boîte de gâteaux dans l'autre.
Après quelques échanges cordiaux, nous nous installons à la table du salon avec des feuilles vierges, d'un seul côté, et des stylos à pointe fine. Nous envisageons plusieurs exercices d'écriture. Paoula se prend plusieurs fois la tête entre les mains. J'ai tracé certains schémas sur le blanc d'une feuille. Nous discutons dubitativement de l'intérêt des uns et des autres avant de faire le choix du jeu du jour. Le plus difficile est de formuler clairement les consignes d'écriture.
Je regarde ma montre fébrilement. Mon estomac commence à gargouiller. Il est temps de passer à l'acte. Nous avons assez parlé. A présent, il faut écrire.C'est décidé. Nous avons fixé le timing : un quart d'heure, pas plus !
Je fais chauffer de l'eau dans la bouilloire électrique. Je la verse dans la théière. Je dispose des tasses sur la table du salon. J'enfourne "Musique Romantique" dans le lecteur de CD. J'appuie sur la touche "Play". Je me rassois sur la chaise de bois clair.
Nous commençons ensemble à écrire. Je rature beaucoup. Des fois, je rature tout. Je recommence.
Je me sens souvent soeur de Pénélope.

J'appelle Daniela pour une dînette écriture. Écrire avec elle me manque. Parfois, elle m'assomme de règles grammaticales. Mais pour la mise en route, c'est primordial. Le jeu d'écriture doit être bien défini dès le départ. Une tisane à la pomme, bien chaude, va de soi. Et puis, je ferme les yeux. De la musique classique envahit la pièce.
Les mots tardent à venir. J'efface les règles de ma mémoire. Les phrases s'écoulent de mon regard. Peu à peu, elles se dessinent sur la page de brouillon. Face à face, autour d'une table ronde, nous écrivons. Plus rien n'existe alentour. Le stylo cahote parfois sur la page. Le mot juste s'égare. Le terme exact se retrouve.
C'est flippant et agréable à la fois. J'aime me perdre dans les phrases...

Triplé lipo (sans t)


Sa bouche rouge, dans son visage blême, bouge comme une limace sur une plage de sable blanc quand elle grimace à l'annonce de la messe du Nouvel An où sera annoncée, par le curé de la paroisse, la formule honnie qu'elle refuse de prononcer : 
"Bonne année, mes chers frères, mes chères soeurs, soyez heureux, heureuses ensemble ! Que ce nouvel an vous mène de surprises en surprises, de voyages dispendieux en voyages fabuleux, de désirs impies en désirs pieux, d'amour vénal en Amour de Dieu !"
AMEN

 

Monosyllabique du jour 1


Premier triplé au coin du feu

Râ, le chat huant blanc crie du haut du banc gris. Il crie car il a peur du noir. Il sent que le soir est gris. Il craint la nuit. Il veut voir son seau plein de lait blanc. Il a soif sur son banc, il crie, le soir, le chat huant gris sur son banc blanc.
Il se rue sur le car lent et part avec lui car son gros cou sent le lard et le gras. Mais il est fier de lui, de ses doux pas bien à plat sur le sol mou du bus laid mais sans poils ni blancs, ni noirs, ni gris.
- Tu bois du thé quand tu broies du noir mais si tu as soif, tu prends de l'eau, lui a dit Bob dans le car, il y a trois jours.
- Mais non ! lui a hué très fort le chat blanc-gris, tu le sais bien ; je ne bois que du lait blanc sur un banc gris, le soir, tard, dans le car, près de toi, Bob !!!
- Râ, si tu cries, si tôt, dans le car, lent, ça ne va pas du tout et donc, pas de gros rats gras pleins de lard, ce soir pour toi !
- Bob, tu ne sais pas ce qui est le mieux : du lait ou du rat, du gras ou du lard, du blanc ou du noir, du thé ou de l'eau, tant pis pour toi !
- Tais-toi, Râ, a dit Bob ce soir là au chat-huant.
Dès lors, il n'y eut plus, dans le bus très lent, un seul soir sans cris de Râ.
Mais, ce jour, le 5 du mois de mars de l'an 10, Bob, tout fou, fait "stop", d'un ton sourd, au chat Râ huant et le bus, sans freins, part tout droit dans le mur vert de gris ; Bob, bleu de peur, sort du car mort, le chat blanc muet sur son bon gros dos rond roux de chien.