Consigne : Ecrire un texte sans utiliser le moindre pronom personnel (ni sujet ni complément), étant entendu que le "il" de certaines formules verbales est impersonnel et que le "on" est un pronom indéfini.*
Alors que Bastien tentait vainement de parler et surtout de se faire entendre, Sandra poussa un long cri, se leva et se mit à gesticuler dans la salle de cours. Les stagiaires, le sourire aux lèvres, laissaient l'hystérique se défouler sur le formateur. Le pauvre avait oublié de "se blinder" pour affronter cette hétéroclite bande d'adultes en régression totale.
C'est incroyable comment une formation peut transformer des personnes de tout âge et de tout sexe en ados prêts à toutes les bêtises possibles.
Bastien prit une pause pour filer à l'infirmerie prendre deux cachets de 500 mg de paracétamol Vit C. Le groupe de fumeurs sortit s'en griller une dans le froid glacial. Sandra, la gorge sèche, voulut s'échapper un moment pour aller pisser et remplir sa bouteille d'eau, mais Michel, le cerveau en ébullition, commença à poser des questions à la jeune femme sur le cours inaudible. La leçon sur les serveurs était tellement confuse qu'aucune réponse ne vint à l'esprit de Sandra. D'ailleurs, le TP du prof était aussi incohérent que les fois précédentes.
L'hystérie de Sandra, du moins de son point de vue, n'était qu'une conséquence du manque de raisonnement, du manque de rigueur et du manque de logique de Bastien ; mais pas seulement, non pas seulement ! Il y avait aussi ce bruit de fond permanent, cette cacophonie de voix mâles en rut...
La maison semble silencieuse dans la nuit sans étoiles. En fait, ce n'est qu'une impression car des oreilles attentives pourraient percevoir des sons certes ténus mais suggestifs comme, par exemple, le craquement du bois des tiroirs de la vieille commode dans le salon, le chuintement de l'eau dans la tuyauterie rouillée des radiateurs, le frémissements du voile des rideaux quand la fenêtre de la chambre bleue reste ouverte sous la brise nocturne et, parfois, comme venant de très loin, peut-être d'un autre monde, une mélodie très douce ; si douce, si douce que l'écouteur aux aguets n'a plus qu'une envie : s'installer au cœur de cette maison perdue dans ses rêves...
* On pourra remarquer qu'il n'a pas été fait mention dans l'un ou l'autre texte de ces deux termes.